Dé(s)-gentrification

Certains dealers n’ayant plus la possibilité de se fournir en drogue ont inventé une astuce consistant à gratter du plâtre sur les murs et à le revendre au prix de la poudre, généralement de la cocaïne.

Ici un geste de vandalisme fait baisser la valeur d’un bien immobilier ou, s’il est réparé, l’est aux frais des nouveaux propriétaires (plus riches) de bâtiments dans des quartiers populaires. La dévaluation du bien apparait tant par le résultat concret du trou dans le mur que par l’action de ramener dans ce quartier un geste issu de l’arnaque et de la vente de drogue. Il s’agira ensuite de revendre la poudre dans les vernissages en calculant le prix au gramme par rapport au prix de l’immobilier au m2. On effectue donc toutes les étapes de cette opération en assumant qu’il s’agit de poudre extraite d’un mur afin de vendre la trace de ce que c’est, une réflexion technique de l’ordre du système D, un geste performatif, une force de travail. On re-connecte un monde de l’art, grand consommateur de drogue mais qui ne veut pas être associé au monde du deal, et le monde du deal dont les petites mains sont exclus des entre-sois élitistes du monde l’art. Vendre au consommateur d’art une arnaque qui fait œuvre.